L’Assolement

L’histoire connaît depuis toujours la rotation des cultures. Déjà mentionnée dans la littérature romaine, les grandes civilisations du Nil et d’Asie Mineur y faisaient également référence.

 

De la fin du Moyen-âge jusqu’à ce siècle, l’assolement triennal a été pratiqué par les agriculteurs avec une rotation : seigle ou blé d’hiver, suivi d’avoine ou d’orge de printemps puis laissant le sol se reposer (jachère) pendant la troisième étape. Le fait que des assolements convenables permettent de rétablir ou de maintenir l’équilibre du sol était effectivement reconnu. En agriculture à grande échelle, aussi bien que dans les jardins, l’on doit faire succéder aux récoltes qui fatiguent et épuisent le sol des cultures peu exigeantes ou même favorables à la fertilité.

 

La tendance de l’agriculture conventionnelle est de rendre l’agriculture indépendante du sol : on pratique la culture spécialisée de légumes ou de céréales sans assolements ou avec un assolement réduit en apportant, pour obtenir des rendements élevés, de fortes quantités d’engrais chimiques, des insecticides nocifs, etc. Par contre en agriculture bio-dynamique la capacité de rendement dépend en grande partie de la bonne planification de la rotation des cultures. De gros rendements peuvent être obtenus autrement que par la spécialisation et le recours à des substances étrangères.

 

Le choix de l’assolement juste dépend, d’une part de la nature du sol, qui détermine les espèces de plantes que l’on peut cultiver et d’autre part, de l’élevage qui joue un rôle dans le choix de l’assolement (cultures fourragères, paille). Enfin un bon assolement tient compte de la proportion de prairies naturelles.

On soulignera ici l’importance que l’agriculture biodynamique accorde au rôle des cultures en rotation, et en particulier au rôle des légumineuses. Quand les engrais verts et la couverture du sol sont enfouis, ils fournissent aux bactéries du sol des aliments précieux et celles-ci libèrent alors, en grande quantité, tous les éléments minéraux utiles, y compris l’azote. C’est ainsi que l’agriculture bio-dynamique propose de « laisser croître l’azote » au lieu de « l’acheter à l’extérieur ».

Le choix de l’assolement est également déterminé par les nécessités de l’économie d’entreprise d’une ferme, ainsi que par la demande locale et l’accessibilité des marchés.

La succession au niveau des espèces végétales cultivées peut également tenir compte des « organes végétaux » développés : racines, feuilles, fleurs, fruits (graines). Il y a des plantes qui se succèdent favorablement et d’autres qui sont peu conciliantes. Si on laisse suivre ces dernières les unes après les autres, on court le risque d’une baisse de rendement et d’un développement de mauvaises herbes et de parasites.

 

A côté de cette pratique de la rotation il est également possible de cultiver ensemble différentes espèces végétales. De bons exemples de cultures associées sont connus (association de pois avec des céréales (avoines, blé et seigle) et semis de légumineuses sous céréales : en maraîchage association de carottes et oignons, ainsi que l’influence bienfaisante de la plantation de certaines plantes de lisière (ex. le raifort au bord des cultures de plantes sarclées et des semis de plantes sauvages, bleuet dans le blé de printemps, ou sainfoin en bordure (par contre le coquelicot provoque des baisses de rendement) et médicinales comme le lamier blanc.